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38 % des personnes sans domicile sont des femmes

Les femmes représentent 2 personnes sans domicile sur 5 (chiffres Ined, 2012)

Fanta est enceinte de 7 mois. Elle a fui son pays après un mariage forcé et vient tous les après-midi à la Halte. Le reste du temps, elle marche dans la rue ou dans les magasins ; le dimanche elle se réfugie à la gare. Et tous les soirs, elle appelle le 115. « J’attends sous l’abribus, je rappelle à 22 heures. Très souvent, ça ne répond pas. » La jeune femme de 34 ans reprend après un moment de silence, le regard perdu au loin. « La rue, c’est dangereux. Je sais où je peux dormir, j’ai appris auprès d’autres femmes. Ici, on peut tout se dire, ça permet de ne pas garder tout ça en soi, c’est trop lourd, je ne veux pas que ça m’abîme à l’intérieur. Ici, je peux partager mes rêves et mes difficultés. »

« Ici, on me reconnaît »

C’est à la Halte Fontenaysienne qui fait partie du réseau des Boutiques Solidarité de la Fondation Abbé Pierre, que Fanta a rencontré Saman, Ivoirienne comme elle et mère de deux petites filles de 3 ans et 10 mois. Au fil des ateliers, des confidences s’échangent, l’une et l’autre se soutiennent. « Je n’ai personne à qui parler, je viens tous les jours à la Halte avec ma petite et je retrouve Fanta le vendredi. Mes filles me donnent le courage et l’amitié aussi. Ici, j’ai une place et on me reconnaît quand j’arrive » confie Saman, les larmes aux yeux. « Ici, il n’y a plus de problème de courses, de linge, de punaises de lit ; on rigole même ! ».

Travailler dans le temps long, sortir les femmes de leur isolement, leur permettre d’être écoutées en tant que femmes, c’est l’une des missions de la « Halte Fontenaysienne » qui accompagne cette année 25 familles, presque toutes monoparentales. Localisée à Fontenay-sous-Bois, l’action de la Halte s’étend sur 9 communes qui comptent 21 hôtels sociaux accueillant plus de 300 familles. « Notre entrée, c’est la précarité des familles ; 350 vivent en hébergement d’urgence. Ces femmes ont souvent peu de lien avec l’extérieur ; la seule sortie, c’est le trajet de l’école, quand l’enfant est scolarisé. Elles sont en situation de désespérance et en même temps elles ont une force mentale incroyable », note Nathalie Kaufmann, chargée de mission à la Halte.

Les vendredi après-midi, l’accueil de jour est surtout réservé aux femmes autour de la laverie solidaire, de la cuisine partagée et d’ateliers participatifs. « Du matin au soir, ces femmes ont une charge mentale titanesque sur leurs épaules. Ici, elles se posent, discutent entre elles, s’entraident ; elles retrouvent leur dignité et prennent soin d’elles. »