Vous êtes ici :

Il était une fois... les derniers instants de l’abbé Pierre

Lundi 22 janvier 2007, trois heures du matin, le secrétaire particulier de l’abbé Pierre, Laurent Desmard, est réveillé par un coup de téléphone de l’hôpital du Val de Grâce.

« Monsieur, comme vous nous l’aviez demandé, nous vous informons que l’abbé Pierre est dans ses derniers instants et que vous pouvez venir pour l’accompagner. »

«... j’ai compris ce que j’avais sous mes yeux. La force de l’abbé Pierre venait de son affection pour les compagnons et pour tous les pauvres, les déshérités. »

Comme convenu, il téléphone à Martin Hirsch, président d’Emmaüs France à l’époque, et à Odile, une des nièces de l’Abbé habitant juste en face de l’hôpital.

Laurent sera le premier dans la chambre. Il découvre le grand homme allongé sur son lit, un masque à oxygène sur le nez. Il respire très mal. Il se penche à son oreille et glisse sa main entre les siennes. Puis il commence à prier et très vite Odile le rejoint. Elle se place de l’autre côté du lit. Au bout d’un moment, la respiration devient plus calme. « C’est curieux » lui dit-elle, « on a l’impression que ça va mieux. »

À ce moment précis, la machine à oxygène sonne, les médecins arrivent en toute hâte. Chacun est suspendu à l’instant et redoute le pire. Et soudain, nous entendons l’un des médecins nous confier ce que nous redoutions tous : « Ca y est, il arrête de lutter. »

Bouleversés, les proches sortent de la chambre pour prendre un café, le texte annonçant la mort de l’abbé Pierre est rédigé.

« Moi, comme je n’arrivais pas à y croire, je suis retourné dans la chambre de l’Abbé. Il était allongé, tout blanc dans les draps blancs. Je ne l’avais jamais vu aussi maigre. Nous étions tous les deux dans cette petite chambre d’hôpital alors que la nouvelle de sa mort était diffusée sur toutes les ondes.

J’ai tout de suite pensé à tous les compagnons, dans les communautés, partout dans le monde. Dans cette petite chambre, je n’étais plus seul avec l’Abbé. Là, j’ai compris ce que j’avais eu tous les jours sous les yeux. La force de l’abbé Pierre venait de son affection pour les compagnons et pour tous les pauvres, les déshérités. Je n’oublierai jamais un tel moment » confiera, quelque temps plus tard, Laurent Desmard, encore sous le choc.