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Ile-de-France : les rendez-vous manqués de la lutte contre le mal-logement

La Fondation Abbé Pierre présente son éclairage sur « l’État du mal-logement en Île-de-France » du 11 au 25 octobre.

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L’Île-de-France représente 18 % de la population nationale mais la région concentre, à elle seule, 24 % des ménages vivant dans des passoires énergétiques, 34 % des demandeurs HLM, 39 % des ménages expulsés de leur logement, 46 % des personnes hébergés en structure et 60 % des ménages reconnus prioritaire au titre du Droit au Logement (DALO).

Avec 1,3 million de personnes mal logées, la crise du logement se renforce en Île-de-France. Les ménages modestes et pauvres sont les plus touchés : huit enfants de familles pauvres sur dix vivent dans un logement surpeuplé et les 2/3 des ménages en vulnérabilité énergétique sont sous le seuil de pauvreté. De surcroît, la crise sanitaire a durablement impacté de nouvelles franges de la population : 68% des salariés reçus en 2020 par l’Adil de Paris estimaient que leur situation d’impayés était imputable au Covid et la plupart n’avaient jamais été endettés auparavant.

La Fondation Abbé Pierre déplore qu’aucune politique durable et suffisamment ambitieuse n’ait été mise en œuvre pour inverser la tendance sur le fond du mal-logement, alors même que certains arbitrages alimentent eux-mêmes les causes du mal-logement.

En effet, le rythme des mises en service des logements, notamment des logements sociaux à bas loyer, reste nettement insuffisant. De plus, malgré la mise en place de l’encadrement des loyers, le parc locatif privé est de plus en plus cher, obligeant de nombreuses familles à vivre dans les logements trop petits et de moyenne voire de mauvaise qualité.

Au-delà d’une production de logements qui n’est pas au rendez-vous, la Fondation s’inquiète de la faible prise en compte de la parole des habitants et des personnes mal-logées dans les politiques publiques, du renoncement à la lutte contre les discriminations, de la politique très résiduelle en matière de résorption des bidonvilles ou encore de la réponse publique pour les voyageurs honteusement très insuffisante. Sans compter, les effets délétères d’une dématérialisation à marche forcée et d’un travail social en tension. 

Bien sûr, il y a eu des avancées locales comme en matière de lutte contre l’habitat indigne ou de prévention des expulsions mais à la veille d’un nouveau Schéma Directeur de la Région Île-de-France (SDRIF)* et d’un Schéma Régional de l’Habitat et de l’Hébergement (SRHH)**, la Fondation Abbé Pierre souhaite que les personnes mal logées soient réellement au cœur du débat pour construire durablement une région équitable et accueillante.


* SDRIF : définit la politique d'urbanisme et d'aménagement du territoire à l'échelle de la région Île-de-France
** SRHH : fixe les grandes orientations d’une politique de l’hébergement et de l’accès au logement sur 6 ans en Île-de-France