À La Réunion, une exposition sur les visages de la précarité
"Sous le soleil de l'exclusion", exposition du photographe Morgan Fache, avec le soutien de l'Agence de la Fondation, jusqu'au 9 juillet, à l’Université de La Réunion.
Le photojournaliste Morgan Fache travaille sur l'exclusion depuis Janvier 2013. Il a commencé à photographier principalement sur la ville de Saint-Pierre dans le sud de l’île. Puis petit à petit, tout en continuant de prendre des photographies à St-Pierre, ll a souhaité aller à la rencontre d'autres personnes sans abri, à Saint-Joseph, Saint-Benoît, ou Saint-Denis.
Selon les chiffres de l'Observatoire Régional de Santé de 2010, la Réunion compte environ 370 personnes sans domicile fixe, d'après les informations récupérées auprès des structures d'aides de l'île. Ce sont principalement des hommes, de plus de 35 ans, évoluant dans le Nord ou le Sud de l'île.
"J'ai pu photographier toutes ces vies invisibles devant lesquelles on passe en marchant vite, comme effrayés par des spectres. Avec Guerrier, l'un d'entre eux, j’ai appris le nom et l’histoire des fantômes du premier monde. Guerrier vit dans la rue depuis de nombreuses années. Il est passé de squats en squats principalement sur la ville de Saint-Pierre dans le sud de l’île. Il reste souvent très peu de temps dans les squats (violences, bagarres) et il finit toujours par retrouver la rue.
J’ai pris mon temps pour rencontrer les personnes que j’ai photographié. J’ai appris à les connaître comme elles ont appris à me connaître. Les liens sont long à tisser et surtout à s’entretenir quand les situations humaines sont difficiles mais au fur à mesure, il m’a semblé faire parti de leur univers. J
J’étais Morgan le photographe et ils connaissaient mon intention. J’ai eu beaucoup d’encouragements de leur part, non pas qu’ils souhaitaient se mettre en avant au travers de mes images mais plutôt qu’ils souhaitaient que je laisse une trace de leur existence.
J’ai partagé leur exclusion qu’ils subissent chaque instant, l’alcool qu’ils consomment chaque jours, les addictions qui les rongent, la violence, les souffrances de leur être. Des liens se sont créés avec certains, d’autres non mais les échanges ont toujours été à égal.
Il y a de nombreuses associations sur l’île qui essayent d’aider les personnes dans la rue, comme la Fondation Abbé Pierre qui m’a d’ailleurs aidé à continuer se travail. Il y a aussi beaucoup d’associations religieuses de toutes confessions qui distribuent des repas assez régulièrement. Après, les sans-abris connaissent souvent des personnes individuellement qui leur donne un coup de main de temps en temps, en leur offrant, vêtements ou nourriture.
J’ai gardé un très bon contact avec certains, que je vais voir régulièrement pour discuter. D’autres les relations sont moins fréquentes mais le lien est encore là. L’avenir pour certains est tout tracé, c’est leur souhait, leur volonté car ils pensent connaître que cela, la rue rien que la rue, là où ils sentent bien. Pour d’autres les situations peuvent évoluer positivement un moment et rechuter brutalement."