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Les « Tanguy », le retour

Près de cinq millions d’adultes vivent chez leurs parents

Près de cinq millions d’adultes vivent chez leurs parents, d’après notre exploitation inédite de la dernière Enquête nationale Logement (ENL 2020). Popularisé par la comédie d’Etienne Chatiliez, ce phénomène des « Tanguy », quand il perdure dans le temps bien après l’âge de 18 ans, est un symptôme de la pénurie de logements accessibles.

Depuis la dernière enquête de la Fondation Abbé Pierre (« La Face cachée des Tanguy ») publiée à partir des chiffres de 2013, le nombre de jeunes concernés est en hausse de 250 000 personnes, pour atteindre le chiffre de 4 920 000 personnes, alors qu’ils n’étaient que 4 674 000 en 2013.

250 000 jeunes hébergés chez leurs parents supplémentaires

Cette évolution confirme que le problème du manque d’autonomie résidentielle des jeunes reste un problème massif, même si la hausse du nombre de personnes concernées depuis 2013 reflète avant tout le plus grand nombre de jeunes en France, les enfants du « baby-boom de l’an 2000 » arrivant progressivement à l’âge adulte. Cette réalité massive est un signal supplémentaire montrant la gravité de la crise du logement des jeunes. Pour leur permettre de se lancer dans la vie de manière autonome au moment choisi, ils ont plus que jamais besoin de politiques du logement plus volontaristes, en particulier en direction des jeunes précaires. Cela passe par différents outils trop négligés.

On peut noter notamment que 1 256 000 personnes de 25 ans et plus sont encore hébergées chez leurs parents, à un âge avancé où il est généralement préféré de vivre de manière autonome par rapport à ses parents. On compte aussi 1,3 million de personnes en emploi qui vivent chez leurs parents, ce qui peut refléter des salaires trop bas et des niveaux de loyer trop élevés ou des logements sociaux trop rares pour pouvoir décohabiter quand cela est souhaité.

La comparaison entre hommes et femmes montre un effet genre important qui se creuse depuis 2013. La France compte ainsi 2,8 millions d’hommes hébergés chez leurs parents contre seulement 2,1 millions de femmes. Et ce « gender gap » s’accroît : entre 2013 et 2020, la hausse des hébergés chez leurs parents est presqu’entièrement due aux hommes : on compte ainsi près de 200 000 hommes hébergés de plus entre les deux enquêtes, contre seulement 50 000 femmes supplémentaires. A 30 ans, 3 % des femmes vivent chez leurs parents contre 13 % des hommes, une différence de 1 à 4 !

À côté des enfants majeurs hébergés par leurs parents, qui représentent la grande majorité de ces situations, il existe 600 000 personnes hébergées chez des tiers à d’autres titres, qu’il s’agisse d’un hébergement chez des amis, des cousins, des oncles et tantes ou chez ses propres enfants. Et les tendances sont inquiétantes puisque ces situations sont 80 000 de plus qu’en 2013.

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