Message de l’abbé Pierre
Il y a plus d’un an, le Président de la république annonçait la mise en place du 1er confinement avec ces mots :
« Nous sommes en guerre contre le virus Covid-19 ».
Si la bataille sanitaire semble bien engagée aujourd’hui dans notre pays avec une campagne de vaccination qui s’accélère, un combat tout aussi vital peine à s’imposer durablement : la lutte contre l’exclusion et la misère.
En France, alors même que notre nation a su prendre dans l’urgence de bonnes mesures pour venir en aide aux plus vulnérables, il semble qu’au plus haut sommet de l’État priorité soit désormais donnée à l’économie.
On ne peut accepter un tel choix politique qui risque de laisser sur le bord de la route celles et ceux qui souffrent depuis un an maintenant et tous ceux dont la situation déjà précaire s’est aggravée. Dans notre pays, 5e puissance mondiale, des dizaines de milliers de personnes, adultes, jeunes et enfants, ne peuvent se nourrir et se soigner correctement, payer leur loyer chaque mois, travailler, étudier.
« J’ai compris cette chose toute simple qu’en réalité l’unique source de l’intelligence politique, l’unique source de l’intelligence pour l’action, pour le bien commun, l’unique source de cette intelligence, c’est la participation à la peine de ceux qui souffrent le plus dans la communauté qu’il faut gouverner. On n’est intelligent politiquement que si on participe à la peine de ceux qui souffrent. » Abbé Pierre, conférence de Genève, mai 1954.
Aujourd’hui, en France, un jeune de moins de 25 ans, sans emploi ni famille ne dispose d’aucune ressource pour vivre.
300 000 personnes sont sans domicile.
En France, des familles entières survivent dans des bidonvilles, des squats ou des abris de fortune… La guerre contre l’exclusion et la misère ne pourra pas se gagner avec un vaccin. Elle demande un traitement sur le long terme, des investissements humains et financiers importants, elle ne peut se contenter d’aides ponctuelles ou de dispositifs limités. Cette guerre-là peut et doit être remportée par nos responsables politiques qui ont en charge la protection sociale de tous les citoyens.