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« Si j’avais été un homme, j’aurais trouvé un logement décent »

Corinne, la cinquantaine, est formelle. En 2013, seule avec ses deux enfants et en incapacité de travailler, elle n’a pas pu se loger dignement.

En plein hiver 2013, Corinne a fui l’appartement de Saint-Dolay, en Bretagne, où elle vivait avec son conjoint depuis 5 ans. « Les violences verbales ne cessaient pas, puis il y a eu la violence physique. Et le coup du lapin par strangulation. J’ai été opérée, j’ai été en arrêt maladie pendant 2 ans. J’ai tenu. Mais quand mon conjoint a relevé la main sur moi et m’a donné une semaine pour dégager, je n’ai pas hésité une seconde, je suis partie tout de suite avec mes 2 garçons, âgés de 16 et 13 ans. »

À ce moment-là, Corinne réussit à se faire héberger chez un copain pendant un mois. Elle n’est plus en arrêt maladie et ne touche pas encore ses allocations chômage. Sans ressource, commence alors pour elle un parcours du combattant, où elle a tout entendu.

« Une femme qui ne travaille pas, on voit bien comment ça va finir »… « Des garçons et une mère célibataire, ce sont forcément des délinquants »… sans parler de l’assistante sociale qui a voulu me placer en foyer pour femmes battues et me séparer de mes enfants ! Je me suis retrouvée dans la pire des situations ; parfois, on dit qu’on veut vous aider, mais c’est plutôt la double peine… »

Encore aujourd’hui, Corinne se lève parfois le matin en revivant ces moments-là qui ont été traumatisants pour elle et pour ses fils.

« La seule personne qui a finalement bien voulu me louer quelque chose, c’était une connaissance : je me suis retrouvée dans un logement indécent et je payais 650 euros/mois ! Je n’avais pas le choix, en tant que mère isolée, je ne trouvais rien d’autre. Quand mon père est décédé, je me suis dit que la solution, c’était d’acheter, même si ce n’était pas en bon état, ce serait toujours mieux que de continuer à vivre comme ça…»

Depuis plus d’un an, Corinne vit dans une petite maison qui n’a plus rien de vétuste. Grâce au soutien financier de la Fondation Abbé Pierre, des travaux de réhabilitation ont pu être réalisés à son domicile :  « C’est mon cocon, je suis désormais à l’abri et je m’étonne encore d’être là, au chaud et chez moi. Heureusement qu’on m’a aidée ! Cette maison et ces travaux m’ont redonné confiance en moi et je n’ai plus honte. »

Corinne s’épanouit petit à petit et pour ses fils, cette maison est également synonyme de nouvelle vie… Régulièrement, Corinne part aider une amie à elle, mère de 6 enfants et souvent seule à la maison. « Pour les femmes, je trouve que c’est de plus en plus dur et que ça régresse. »