Une infirmière en Pension de famille
Depuis 5 ans, la Pension de famille de Voiron, dans l’Isère, accueille une infirmière au sein de l’équipe encadrante.
Depuis le début de la crise sanitaire, Jade n’a pas vu le temps passer. Recrutée sur le poste d’infirmière le 2 mars 2020 à la Pension de famille, elle a tout de suite été sollicitée par les hôtes et les 38 habitants de la Pension de famille de Voiron qui s’étend sur plusieurs sites.
« Le jour du confinement, tout le monde m’a regardée et demandé : « Qu’est-ce qu’on fait ? ». On a immédiatement cherché à repérer les personnes les plus fragiles, on a bien sûr mis en place les gestes barrières et le protocole sanitaire. Au début, on prenait des nouvelles de tout le monde tous les jours… Cela m’a tout de suite permis de créer des liens forts avec les habitants et avec l’équipe. J’ai été frappée par le respect des mesures sanitaires par les habitants, ils ont vraiment joué le jeu tout de suite. Et au lieu de s’isoler, ils se sont inquiétés pour ceux qui avaient des santés fragiles, pour ceux qui avaient de la famille et qui ne pouvaient plus la voir… Au contraire du repli sur soi, il y a eu une ouverture, une attention à l’autre. »
Au début du 1er confinement, les équipes encadrantes de la Pension de famille ont organisé un roulement pour qu’il y ait quelqu’un sur place, du lundi au dimanche. Puis, le rythme est redevenu normal (du lundi au vendredi) avec un objectif : essayer de maintenir toutes les activités possibles et préserver un minimum de moments collectifs.
« Tous les jours à 14 heures, il y a deux équipes de belotte qui se retrouvent ; on a mis en place des séances de cinéma, des « blind test » ludiques… tout ce qu’il est possible de faire avec un masque. Même si je suis infirmière, je ne suis pas uniquement sur des missions de soins, je participe également à l’animation, à la vie de la Pension. En ce moment, bien sûr, il y a aussi beaucoup d’information à partager sur la vaccination… »
Petites victoires
Ici, il y a des personnes qui vivent à la Pension depuis 14 ans, ils ont leurs habitudes, notamment en ce qui concerne l’accès aux soins. En revanche, parmi les habitants arrivés il y a un ou deux ans, certains n’ont pas vu un médecin depuis 10 ans. Pouvoir les réinscrire dans un parcours de soins, c’est effectivement une « petite victoire ».
« Ce qui est très important pour moi, c’est qu’ici, priorité est donnée au respect des choix de chacun. Rien n’est imposé, tout passe par l’accompagnement. Même au niveau du soin. C’est vraiment quelque chose que j’ai découvert ici », précise Jade qui emmène les habitants à l’hôpital ou consulter un spécialiste en ville, mais qui passe également du temps chez eux, à prendre un café ou déjeuner. Jour après jour, du lundi au vendredi et un samedi sur trois, Jade poursuit sa mission d’accompagnement aux soins, au rythme et selon les aspirations de chacun.
"Il y a aussi bien sûr un gros travail qui est mené sur le vieillissement et la fin de vie. Nous avons ici des personnes âgées de 50 ans qui souffrent de troubles de la vision, de la marche, comme une personne de 80 ans. Certains souffrent de désorientation et la crise du Covid a particulièrement bouleversé leur ritualisation du temps. Pour les aider, nous avons mis en place des horloges et des calendriers adaptés afin de gérer au mieux les bouleversements de leurs emplois du temps. Ce qui est passionnant pour moi, c’est que chacun a des besoins et des aspirations différents. On apprend à ne rien projeter ni imposer », confie Jade qui ne regrette pas du tout d’avoir quitté le milieu hospitalier.