Vers une augmentation du sans-abrisme à La Réunion
Une personne domiciliée sur 5 est à la rue.
À La Réunion, 319 300 personnes sont pauvres (36 % de la population). Si le taux de pauvreté est en diminution constante ces dernières années, il reste toutefois toujours plus de deux fois plus élevé que la moyenne française (14 %). La pauvreté y est également plus « intense » : la médiane du niveau de vie est bien inférieure à celle de l’Hexagone.
Comme au niveau national, les jeunes et les familles monoparentales sont les plus touchés par la pauvreté : plus de la moitié d’entre eux sont pauvres à la Réunion. La pauvreté est, à La Réunion, plus marquée dans l’Est de l’île et dans les Hauts. Elle concerne notamment des « ménages non insérés dans l’emploi et propriétaires de leur logement », catégorie de ménage pauvre qui se distingue par ailleurs par le niveau de vie le plus bas, selon le panorama de la pauvreté de l’Insee1.
Habiter dans un territoire exposé à des formes de fragilités économiques ou sociales peut contribuer à renforcer la situation de précarité des ménages pauvres. À la Réunion, force est de constater que les territoires sont particulièrement fragilisés en termes d’insertion professionnelle et de situations familiales mais également au regard des conditions de logement, notamment sur la CIVIS et le TO. Dans un contexte d’extrêmes tensions sur le marché aggravée par une production de logements sociaux en berne depuis plusieurs années (avec 1 700 livraisons seulement selon les premiers chiffres publiés), les Réunionnais sont en effet confrontés à une hausse continue du coût du logement : en 2023, à l’achat, les prix ont progressé de plus de 9 % et les loyers du parc privé ont quant à eux augmenté de plus de 8 %.
Ces éléments sont d’autant plus préoccupants que l’inflation n’a pas diminué en 2023. Évaluée à près de 3,8 % à La Réunion, elle aggrave encore davantage les inégalités face au pouvoir d’achat auxquelles sont confrontés les Réunionnais alors même que l’écart des prix entre la Réunion et l’Hexagone atteint 9 % en 2023.
Au regard du contexte socio-économique, il apparaît essentiel d’agir pour une égalité des chances, d’autant plus que les chiffres de l’Insee en témoignent : sans aides sociales, 1 Réunionnais sur 2 vivrait sous le seuil de pauvreté (1 158 €/mois/UC). À la Réunion, 2 Réunionnais sur 5 sont couverts par les minima sociaux et 19 % de la population active est au chômage en 2023 (soit 2,7 fois plus que dans l’Hexagone).
« Trop de pauvreté, tant de richesse, l’urgence est au partage. » abbé Pierre
--> Interview de Matthieu Hoarau, directeur de la Fondation à La Réunion/Océan Indien
--> Mal-logement en Outre-mer : agir auprès des populations