« Ces plots anti-sdf, c’est so chic ! »
La Fondation remercie Emmanuel Reuzé et Fluide Glacial pour cette affiche qui donne le ton à la 3e cérémonie des Pics d’Or.

« Je trouve que c’est vraiment très bien que la Fondation fasse une cérémonie des Pics d’Or. J’avais déjà eu l’occasion de voir ce qu’elle avait fait en 2020, car les dispositifs anti-sdf m’intéressent depuis longtemps.
J’avais en effet envie d’écrire et dessiner sur le thème du mobilier anti-SDF. C’est chose faite dans le 5e tome de la série « Faut pas prendre les cons pour des gens », qui vient de paraitre. Il y a trois thèmes qui me touchent beaucoup, le sans-abrisme, l’hôpital et l’Education. On les retrouve tous trois dans mes albums et à chaque fois, je me pose la question : Pourquoi, dans un pays riche comme le nôtre, des gens, des enfants, n’ont pas de toit, n’ont pas de quoi se nourrir ?
Ce qu’il y a de pire, avec les dispositifs anti-sdf, c’est qu’on ne se contente pas de mettre les personnes de côté, on les éloigne. C’est encore plus violent. »
Pour évoquer les sujets graves – et parfois tragiques – Emmanuel Reuzé a définitivement choisi l’humour noir et la satire.
« Je veux rentrer dans tout ce qui me dérange, tout ce que j’ai sous les yeux et qui ne va pas. Les personnes à la rue, les hôpitaux, l’éducation sont des sujets importants qui reviennent souvent dans mes albums.
Ce sont des sujets qui me touchent et pour lesquels je trouve que l’État ne fait pas ce qu’il devrait faire. Cela me sidère qu’il y ait encore des personnes et des enfants qui vivent et dorment dans la rue, sans toit. On pourrait agir, on pourrait arrêter ça, mais ce n’est pas le cas. »
Une série qui soigne l’indignation par le rire
Avec sa série « Faut pas prendre les cons pour des gens », dont le 5e tome est sorti début novembre, le dessinateur persiste et signe aux côtés du magazine Fluide Glacial ; tous deux s’associant à la Fondation Abbé Pierre depuis un an.
« Je fais de l’humour noir et je pense que sur des sujets tragiques, il est difficile de faire autre chose. Il faut essayer de rire de tout, même du pire, même de ce qui nous choque. Rire permet de prendre de la distance et de réfléchir sur les problèmes et le dérives de notre société.
Si, avec mon humour et mes dessins je peux permettre aux gens de sourire et si en même temps, cela entraîne chez eux une réflexion, et peut être une action pour faire évoluer notre monde dans la bonne direction, alors je pense que c’est une bonne chose. »