Message de l'abbé Pierre
« Le monde subsiste par deux forces. L’une vive, l’autre inerte. L’une qui est hommes, l’autre qui est choses : ce sont les peuples et les richesses. »
À la veille de l’élection présidentielle, ces propos de l’abbé Pierre, notre fondateur, ont un écho tout particulier, alors que fin janvier, on annonçait un record d’enrichissement pour les plus riches, la fortune des milliardaires dans le monde ayant plus augmenté en 19 mois qu’au cours de la dernière décennie. Dans l’hexagone, les 5 premières fortunes de France ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie. Elles possèdent à elles seules autant que les 40 % les plus pauvres en France. On ne peut continuer à vivre tous ensemble dans une société où les inégalités se creusent si fortement, si intensément. Rappelons qu’en France, 12 millions de personnes souffrent de la précarité énergétique et que 9 millions de personnes, sous le seuil de pauvreté, se battent au quotidien pour survivre.
Assujettir l’or au sang, pour reprendre les propos de l’abbé Pierre, c’est replacer l’humain au cœur des politiques publiques, en augmentant et en ouvrant le RSA aux jeunes de moins de 25 ans afin qu’aucun d’entre eux ne soit dépourvu du minimum vital.Assujettir l’or au sang, c’est aussi faire du logement une priorité dans les toutes premières décisions de la nouvelle mandature : construire plus de logements sociaux et très sociaux alors que plus de 2,2 millions de Français attendent un logement en Hlm pour pouvoir vivre dignement et que les bailleurs sociaux ont vu leurs ressources fondre ces dernières années ; c’est aussi poursuivre dans la bonne voie de l’encadrement des prix des loyers partout sur le territoire et non plus à titre optionnel et expérimental dans quelques grandes métropoles régionales ; c’est encore augmenter le montant des Aides Personnalisées au Logement rognées petit à petit depuis 2018, alors qu’elles permettent à 5,7 millions de ménages modestes d’accéder et de se maintenir dans un logement décent.
Assujettir l’or au sang, c’est incontestable-ment parier sur l’Homme et sur le devenir de chacun, quelle que soit sa situation et son parcours. C’est faire le pari d’une société plus respectueuse de chaque individu, d’une société plus fraternelle et plus solidaire. D’une société plus unie et soudée. À l’inverse, creuser les inégalités, c’est nous éloigner les uns des autres et fragiliser la Nation tout entière, en mettant en péril ce à quoi nous tenons tous : notre Démocratie, garante de la dignité, de la liberté et de l’égalité des chances pour chacun de ses citoyens.
Raymond Etienne, Président du groupe de la mémoire de l’abbé Pierre