Vous êtes ici :

À la Boutique Solidarité, j'ai appris à ne pas lâcher. Jamais.

Alexandre* a fréquenté la Boutique Solidarité de Saint-Denis, à La Réunion, pendant dix ans. Le 10 décembre, il s'est enfiin installé dans son logement.

Voir toute l'actualité de la région Ile de la Réunion / Océan Indien

Cette fin d'année restera dans la mémoire de Alexandre*, 31 ans... et plus particulièrement ce mercredi 10 décembre, où il a glissé la clef de son petit studio dans la serrure. Après des années de galère, entre la métropole et l'île où vit la plupart de sa famille, il a retrouvé l'espoir. L'espoir de vivre autre chose que l'errance, l'espoir de se construire un avenir.

 

"J'ai dormi dans ma voiture, vécu dans des squats et rencontré beaucoup de monde"

De son enfance et de ses années d'errance, Alexandre parle peu. Trop de souffrance, de mauvaises rencontres, de solitude.... "Quand je suis allé à la Boutique Solidarité de Saint-Denis pour la première fois il y a dix ans, c'était des amis de la rue qui me l'avait conseillée. Ce genre d'endroit, on apprend vite à les connaître, tellement on en a besoin. J'y ai trouvé un petit-dejeuner tous les matins, mais surtout aussi, de l'écoute et une attention particulière des personnes sur place. C'est tellement important quand on n'a personne dans sa vie. 

"À la Boutique, on peut se faire aider pour ses papiers, pour les démarches administratives. C'est là aussi que j'ai appris comment faire ma demande pour un logement autonome auprès des bailleurs sociaux."

Après une enfance passée entre La Réunion et la métropole, Alexandre a vécu a essayé de s'installer sur l'île et a vécu de petits boulots dans l'hôtellerie, le bâtiment, la sécurité. Puis, il est parti tenter sa chance dans le Sud de la France.

Alexandre est revenu à Saint-Denis en février 2014, après 4 ans d'errance à Montpellier et plus largement dans le Sud, où, là encore, les structures d'accueil lui ont permis de ne pas couler... De retour à l'île de La Réunion, il a voulu se rapprocher de sa famille mais la reprise de contact ne s'est pas bien déroulée. À nouveau seul, il a repris le chemin de la Boutique Solidarité où il a retrouvé les travailleurs sociaux qu'il connaissait bien et en qui il avait toute confiance.

 

La Boutique SOLIDARITÉ, c'est l'oxygène, c'est ce qui fait tenir.

"J'ai quelques amis et j'ai pu dormir à droite, à gauche, mais après un temps, on ne peut pas rester chez les gens, on les dérange. J'ai donc dormi dans ma voiture. À la Boutique Solidarité, je n'ai pas été jugé et on m'a montré que, quoi qu'il arrive, je serai toujours accueilli. C'est vraiment important.

Ce qui m'a choqué en revenant à la Boutique, c'est la violence, l'agressivité des personnes. Avant, ça n'était pas comme ça. Je pense que les gens souffrent trop et en deviennent méchants. C'est dur à voir."

Mettre ses affaires dans une armoire et non plus dans le coffre de la voiture, remplir le frigo, ouvrir sa boite aux lettres... Depuis le 10 décembre, Alexandre réapprend à vivre dans un logement.

"Ces petits gestes que l'on retrouve, c'est un vrai bonheur ! Je vais passer les fêtes de fin d'année tout seul, pour gérer tranquillement toutes mes émotions. Dans la rue, on ne rencontre pas que des personnes bien et j'ai souvent connu la peur... ça aussi, il faut du temps pour l'oublier, pour repartir. Pour le moment, j'ai besoin d'être seul."

Alexandre restera 3 mois dans le studio de Saint-André, à 30 km de la capitale insulaire, avant de s'installer dans un logement autonome. La Boutique Solidarité de Saint-Denis, en contact régulier avec le SIAO, a finalement pu obtenir ce logement temporaire pour lequel il déboursera 20 % de son RSA.

"Sans la Boutique Solidarité, je n'en serais pas là. Je n'aurais pas cette vision. Grâce aux personnes qui m'ont accompagné, j'ai appris une chose : ne jamais lâcher prise, ne jamais abandonner, même après les coups durs. 

Aujourd'hui, je cherche une formation dans l'informatique pour avoir un travail. Bien sûr, je vais continuer à aller à la Boutique Solidarité jusqu'à ce que j'ai un logement autonome. Mais ensuite aussi, pour aider les autres. Tendre la main comme on me l'a tendue."

* Pour des raisons de discrétion, le prénom a été modifié.

 

Cet hiver, nous devons rester solidaires de toutes les personnes en détresse, sans abri, contraintes de vivre dans le froid et l’errance de la rue, ou confrontées aux graves difficultés d’un logement indigne. C’est seulement grâce à votre aide et à celle de tous nos donateurs que nous pourrons agir pour les secourir. Merci !