Nous sommes toutes des reines" : spectacle vivant financé par la Fondation
Samedi 13 juin, au théâtre du Merlan, à Marseille, une vingtaines de femmes issues des quatiers populaires, seront sur scène.
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"Nous sommes toutes des reines" est une pièce de théâtre unique où les femmes ont l'occasion de travailler sur la prise de conscience de soi, en proposant de réveiller leur féminité, de s'alléger du poids qui empêche parfois de s'évader de la place où elles se trouvent assignées, notamment en tant que femme, mère, fille ou épouse." C'est ainsi que la compagnie "La Criatura" qui a mis en place ce projet de spectacle vivant, définit cette pièce inédite.
Je surprends les autres et je me surprends moi-même
Lidia a 58 ans, des enfants et des petits enfants et d'autres encore qu'elle garde en tant que famille d'accueil. Habitante du 15e arrondissement de Marseille, elle avait eu l'occasion de faire du théâtre il y a quelque temps et voulait revivre cette expérience.
"C'est une façon de s'exprimer qui me plaît. Avec cette pièce, en plus, il y a l'écriture. Ecrire et être ensuite sur scène, avec le côté vivant, cela me permet d'être tout à fait autre. Avoir la possibilité de surprendre et de se surprendre soi-même, c'est vraiment fantastique !
Dans "Nous sommes toutes des Reines", j'incarne un personnage séducteur, avec décolleté et bas résilles... je me revois quand j'étais jeune et je sors de l'image de "mamie" que l'on a de moi dans le quartier...
Je prouve que je peux encore le faire, que je ne suis pas vieille et que je suis toujours une femme !"
Depuis un an, des ateliers de théâtre ont été proposés et montés dans les quartiers nord de Marseille, à Merlan, Busserine et Flamants, où la violence quotidienne laisse peu de place au lien social, au mieux-vivre ensemble.
Le théâtre, c'est une grande porte pour respirer
Amina vit dans le 14e arrondissement, elle est beaucoup plus jeune que Lydia et s'est aussi lancée dans l'aventure théâtrale il y a plus de deux ans. Elle est arrivée en France avec une image qui a vite été remplacée par la réalité quotidienne du racisme, des contrôles d'identité répétés, de la violence dans les quartiers... Pourtant, elle se battrait s'il le fallait pour rester en France, ce pays où tant de choses seraient possibles si les habitants voulaient vivre ensemble.
"Le théâtre, c'est une grande porte pour respirer ; c'est une solution pour mieux vivre. On peut tout y exprimer : le racisme, la violence, les injustices, les problèmes personnels.
Moi, j'écris de la poésie pour dire tout cela et je place dans les mots tous mes sentiments. C'est ce que j'ai fait dans "Nous sommes toutes des Reines" : j'ai écrit mon personnage, celui de la femme clown mais un clown triste.
Cela vaut le coup d'être une femme même si l'on a des soucis, même si c'est dur. La femme entraine derrière elle beaucoup de monde : enfants, mari, proches... Le clown triste connaît aussi beaucoup de joies, tout cela, je le dis dans la pièce. Et c'est important pour moi."
Avec cette pièce inédite, La Criatura poursuit la démarche qu'elle a initiée en 2008 : développer la création et la diffusion de spectacles vivants dans les quartiers populaires de Marseille, avec la participation active des habitants. La Fondation a financé le projet "Nous sommes toutes des reines" dans le cadre de son secteur "Promotion des habitants" à plus de 50 %.