La galère du logement des jeunes en Aquitaine
Focus sur Bordeaux et sa région lors de la première étape d'Abbé Road, à Garorock, du 27 au 29 juin.
Selon une étude de la Macif parue début juin, près de 40% des jeunes ont déjà renoncé à un logement en raison du coût trop élevé de la caution (près d’1 sur 2 chez les 24-25 ans, et ceux à la recherche d’un emploi).
27% des jeunes ne quittent pas le foyer familial pour cette raison ! Face à ces difficultés financières, près de 40% des jeunes ont envisagé de vivre en colocation.
65% des jeunes qui vivent chez leurs parents rêvent de vivre dans leur propre logement.
Le logement, c'est la porte pour s'en sortir
Mickael a 22 ans tout juste. il a vécu l'année dernière quelques mois chez des amis après avoir été obligé de quitter le domicile familial.
"Je n'ai pas eu le choix, il a fallu que je parte. Après avoir squatté à droite à gauche, je me suis retrouvé dehors, la peur au ventre. J'ai eu du mal à survivre. À cette époque-là, c'était un repas maximum, parfois même pas.
C'est l'association Technowest, à Bordeaux, qui m'a permis de trouver un logement. J'ai pu m'installer dans un studio, dans une résidence sociale pour jeunes, à Blanquefort, à une demi-heure de Bordeaux. Ce logement, c'est ma première grande victoire. Encore aujourd'hui, avec le RSA et le chômage, je m'en sors tout juste et il y a des jours où je continue à ne pas manger à ma faim. Mais ça ne fait rien, je me sens en sécurité et j'ai retrouvé l'envie de réussir."
Avec le logement, la peur m'a quitté. Je suis en train de rebondir
"Dans la résidence, nous sommes 80 jeunes, âgés de 16 à 30 ans. On a tous vécu des galères et on recherche tous un emploi. On s'entraide, on se tient les coudes et dès que l'un d'entre nous perd pied, il y a toujours quelqu'un pour l'écouter et lui redonner le moral.
Aujourd'hui, je fais des démarches pour une formation de livreur et passeur de commandes. J'ai fait des études de mécanique et je pourrais aussi repartir dans cette voie. En tout cas, maintenant, c'est certain, j'ai envie de m'en sortir. Et ça, c'est parce que j'ai enfin un logement.
Ma situation m'a ouvert les yeux sur ce que les jeunes vivent et ça m'a donné envie d'aider ceux et celles qui baissent la tête et les bras. Il ne faut pas.... Je passe tout mon temps libre à l'association pour écouter et aider les jeunes en galère. Moi, ça m'a sauvé. Je fais aussi partie du Bureau : on m'écoute, je donne des conseils, des idées.... ça me donne confiance en moi, je me sens responsable."
Technowest Logement Jeunes
C'est le nom de l'association, créée en 2006, dont parle Mickael. Une structure qui fait partie de l'Union pour l'Habitat des Jeunes et qui couvre 16 communes autour de Bordeaux.
"Nous proposons aux jeunes des permanences d'accueil, d'information et d'orientation ; nous assurons une action de médiation locative auprès des bailleurs publics et privé et enfin, nous disposons d'une gamme de près de 200 logements transitoires pour notre public à Mérignac et Blanquefort", précise Julie Broner, sa directrice.
Des tarifs adaptés aux ressources modeste et aux situations des jeunes accueillis ainsi qu'un projet socio-éducatif de suivi qui est proposé à chacun... l'association cherche à donner des réponses souples et à assurer une mixité sociale face aux inégalités d'accès au logement des jeunes de plus en plus importantes dans la région.
Financée par les Conseils Général et Régional, la CAF et les communes, l'Etat, l'association est également soutenue par la Fondation Abbé Pierre qui a pris en charge l'équipement d'une des deux résidences sociales jeunes.
L'association fait partie de l'Urhaj, Union régionale pour l'habitat des jeunes qui a participé à la rédaction du Guide du logement des Jeunes financé par la Fondation qui sera distribué massivement lors de la tournée Abbé Road.
La Fondation Abbé Pierre, par l'intermédiaire de son Agence régionale Aquitaine, finance également d'autres associations qui oeuvrent à l'amélioration des conditions de logement des jeunes à Bordeaux mais aussi à Bordes, dans les Pyrenées ainsi que dans le Béarn.