Vous êtes ici :

30e rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex Fondation Abbé Pierre) : la France s’enfonce dans la crise du logement

La Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex Fondation Abbé Pierre) rend public, ce 4 février 2025, son 30e rapport sur « l’état du mal-logement en France ». Ce nouveau rapport révèle que tous les signaux sont au rouge sur le front de la crise du logement et met l’accent également sur la situation des personnes en situation de handicap, particulièrement exposées aux différentes dimensions du mal-logement.

Une crise du logement qui s’aggrave
Malgré l’effondrement de la construction immobilière, le grippage du marché et de nombreuses alertes sociales, 2024 aura été une année d’attentisme et de renoncements en matière de politiques du logement, faisant les frais de l’instabilité gouvernementale.
Un chiffre particulièrement alarmant l’atteste : la Fondation estime, cette année, à 350 000 le nombre de personnes sans domicile, en hébergement ou à la rue
, où dorment chaque soir des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants. « En 2012, ils étaient 143 000. Leur nombre a plus que doublé : une telle hausse, en si peu de temps, devrait provoquer l’effet d’un électrochoc de la part du gouvernement et plus largement de la société toute entière » s’indigne Christophe Robert, délégué général de la Fondation.

La demande de logement social connaît, quant à elle, une progression constante ces dernières années pour dépasser les 2,7 millions de ménages en 2024, tandis que le nombre de nouveaux logements sociaux continue de chuter (environ 84 000 en 2024, contre 124 000 en 2016). En 2023, seuls 393 000 logements sociaux ont été attribués, soit près de 100 000 de moins qu’en 2016. C’est moins d’un demandeur sur cinq qui reçoit désormais une réponse positive dans l’année et les délais pour obtenir un logement social peuvent atteindre plusieurs années. 

La précarité énergétique s’étend également, si bien que désormais 30 % des ménages ont eu froid dans leur logement en 2024 (contre 14 % en 2020). Le froid cause une surmortalité de 10 000 personnes chaque hiver, et la chaleur de 5 000 chaque été lors des canicules, aggravées par la mauvaise isolation des logements. Le mal-logement illustre bien à quel point le changement climatique renforce les inégalités : les plus précaires sont les plus exposés à ses conséquences, comme le montre de manière dramatique le cyclone Chido qui a frappé Mayotte il y a quelques semaines.

La Fondation appelle à repenser la politique sociale du logement en donnant davantage de moyens aux organismes Hlm pour relancer la construction et améliorer le parc existant avec une dimension environnementale forte. Elle plaide également pour la hausse des aides personnelles au logement et la relance du plan « Logement d’abord » pour les personnes sans domicile. 

Handicap et mal-logement : le parcours des combattants
Alors que l’année 2025 marque les vingt ans de la grande loi de 2005 sur le handicap, la Fondation a souhaité consacrer le chapitre central de son rapport au mal-logement des personnes en situation de handicap. Au regard de leurs revenus plus faibles que la moyenne de la population, de leurs besoins de logement et d’accompagnement spécifiques et des discriminations qu’elles subissent, ces personnes sont plus vulnérables au mal-logement.

D’après nos calculs, à partir de l’enquête nationale Logement (ENL) 2013, 6,4 % des ménages concernés par un handicap ou des gênes quotidiennes, soit 350 000 ménages, subissaient une des deux principales manifestations du mal-logement au sens de la Fondation, c’est-à-dire la privation de confort ou le surpeuplement accentué, contre 4 % de la population générale.

Au total, l’ensemble des problèmes de logement (privation de confort, surpeuplement, précarité énergétique, effort financier excessif pour se loger, impayés de loyer, copropriété en difficulté…) touche 24 % des ménages comprenant une personne en situation de handicap ou de gêne (soit 1,3 million de ménages) contre 20 % des ménages français. Enfin, environ 5 % des ménages vivent dans des logements inadaptés aux besoins des personnes en situation de handicap, ce qui concerne plus de 220 000 foyers.

« Vivre dans un logement adapté constitue pourtant un élément fondamental pour permettre l’inclusion, l’autonomie et la participation à la vie sociale des personnes handicapées ou dépendantes. Faute d’offre dédiée, ces personnes sont souvent contraintes de rester chez leurs proches ou d’intégrer des établissements médico-sociaux spécialisés. » déplore Christophe Robert. 

L’accès au logement adapté pour les personnes en situation de handicap tout comme pour les personnes vieillissantes en perte d’autonomie est un enjeu clé du combat pour le « Logement d’abord », dans lequel la Fondation est engagée depuis des années. Les personnes en situation de handicap doivent se voir proposer des logements de droit commun, ordinaires ou partagés, adaptés à leurs besoins et à leurs souhaits.

Vous pouvez télécharger ici :
- Le 30e rapport sur « L’état du mal-logement en France »
- Le dossier de synthèse du 30e rapport sur « L’état du mal-logement en France »

CONTACTS PRESSE
Angèle Roblot, chargée de relations médias : aroblot@fondation-abbe-pierre.fr - 06 23 25 93 79
Raphaëlle Graffion et Brenda Gomes Rodrigues, assistantes de relations médias : media@fondation-abbe-pierre.fr
Alice Dekker, attachée de presse : alice@alicedekker-rp.fr - 06 16 58 21 60