« Sans-abri, non coupable ! »
La Fondation Abbé Pierre, la FEANTSA et Avocats Sans Frontières dénoncent la criminalisation du sans-abrisme en Europe
Ce jeudi 19 décembre 2024, la Fondation Abbé Pierre*, la FEANTSA et Avocats Sans Frontières présentent leur étude européenne réalisée en France, en Belgique, en Hongrie et au Danemark sur la criminalisation des personnes sans abri.
Plus de 1,2 million de personnes sont sans domicile dans l’Union Européenne, un chiffre en nette augmentation ces dix dernières années[1]. Ces personnes sont souvent contraintes de survivre dans l’espace public par la mendicité, la création de lieux de vie informels ou en s’installant dans des locaux vides.
Cette étude révèle que, dans l‘ensemble des pays étudiés, la réponse à cette détresse se traduit par des sanctions à l’égard des personnes sans abri ou des personnes les aidant :
- En France, occuper un lieu vide pour y dormir est passible de 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende.
- En Belgique, la mendicité dans l'espace public est passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 350 euros dans de nombreuses communes.
- Au Danemark, mendier devant un supermarché est passible de 14 jours de prison.
De surcroit, ces mesures s’accompagnent de discours stigmatisants. Par exemple, en Belgique où le candidat du MR (Mouvement réformateur, parti de droite libérale) George-Louis Bouchez fait campagne avec le slogan « Trop de mendicité tue notre générosité ».
Pourtant, loin d’avoir prouvé leur efficacité, ces politiques sont par essence contreproductives puisqu’elles entrainent les personnes dans une spirale judicaire dont elles sortent difficilement, les empêchant par conséquent de se réinsérer.
A contrario, plusieurs études démontrent qu’une prise en charge adaptée, en plus de répondre aux besoins des plus démunis, a un coût moins élevé que la criminalisation et la judiciarisation des personnes les plus précaires.
« Les personnes sans abri sont stigmatisées, chassées et invisibilisées alors qu’elles vivent déjà dans le plus grand dénuement. Elles subissent une double peine. La criminalisation de la misère n’est pas un choix de société acceptable. Il nous faut construire une Europe plus solidaire et tournée vers le Logement d’Abord » déclare Sarah Coupechoux, responsable de la mission Europe à la Fondation.
Il est urgent de mettre fin à ces sanctions injustes et de changer de discours vis-à-vis des personnes sans abri qui tentent de survivre. La pauvreté n’est pas un crime ! Ces personnes ont avant tout besoin d’être logées. Comme le montrent de nombreuses expérimentations en Europe, le modèle du Logement d’Abord constitue le meilleur moyen de lutter efficacement contre le sans-abrisme.
Retrouvez l'étude complète ici.
*Qui a entamé les démarches pour changer de dénomination
[1] 9e Regard sur le mal logement en Europe, FAP Feantsa, 2024
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